2020 est définitivement une année charnière pour l’humain que nous sommes. La pandémie du COVID-19 bouscule nos repères et ses effets de bords sont encore difficilement discernables.

Il y a une petite dizaine d’années, notre année 2020 a beaucoup inspiré un grand nombre de personnalités et d’organisations influentes, dont quelques-unes intéressantes en regardant l’angle de la donnée.

En 2012, IDC et Forbes ont chacun calculé l’explosion des volumes de données, entre 44 et 47 Zetaoctet près, nous en sommes proches. Et dans 5 ans il est prévu 175 Zo. C’est faramineux, encore plus que de savoir ce que nous pourrions faire avec cet énorme volume !

 En 2014, WeForum annonce la convergence du monde digital avec le monde physique. Au centre l’internet des objets avec, par effet de bord, sur le chemin critique : la donnée.

Que nous en soyons conscients ou pas, et que nous le souhaitions ou non : l’omniprésence de la donnée s’est immiscée dans notre existence au jour le jour.

 

Avec un autre angle de vue, en 2014 Stephen Hawking, nous a laissé un avertissement concernant l’IA, qui selon lui pourrait amener la fin de la race humaine. Durant la même période, Elon Musk, visionnaire, demande une instance de régulation de l’IA, considérant de même que c’est la plus grosse menace pour l’être humain.  Au centre de l’IA, encore la donnée.

Début 2020, des chercheurs de l’université Southampton annoncent avoir réussi à faire communiquer des neurones artificiels avec d’autres, biologiques, le tout avec une capacité mémorielle, et ce sur de longues distances.  Nous sommes capables de fusionner l’humain et la technologie en insérant de l’intelligence. Et encore de la donnée qui transite entre les deux.

 

Un potentiel transhumanisme se met en place, où l’humain pourra s’augmenter grâce à la technologie. On aime ou on n’aime pas, mais c’est une option possible de notre évolution humaine. Certaines entreprises investissent des poignées de milliards par acquisition ou recherche sur des technologies dont l’usage permettrait d’être fusionné à notre vie, biologiquement ou non. Google en premier, plus largement les GAFAM sont très actifs (le montant total de toutes les acquisitions des GAFAM est de 415 milliards de dollars de 2012 à 2019). Avec déjà beaucoup de données et de services traitants et générant de la donnée.

 

Vers quel futur allons-nous ?

 

Certains trouvent ridicule de considérer la disparition de la race humaine au profit de la technologie, d’autres assument que nous sommes bien loin du jour ou l’IA deviendra un agglomérat d’entités nuisibles à notre existence.

 

En fait qu’importe nos points de vue sur la véracité du futur. Une chose est certaine, anticiper n’est pas naturel pour nous. Il suffit de regarder le tsunami écologique que nous avons créé et qui se gonfle en face de nos yeux, sans que nous arrivions à vraiment bouger. La faute à notre nature historique, peuple nomade vivant au jour le jour, notre modèle économique cherchant à court terme confort, pouvoir, autovalorisation. Peut-être même, la faute à notre logique évolutive qui a besoin de crises pour s’adapter. Merci Covid-19 ?

Alors soit, demain est un autre jour où nous verrons l’intérêt ou pas de gouverner les données qui alimentent tout cela.

Cependant, devant d’éventuelles dérives, nos instances de régulation s’activent, le RGPD mis en application en 2018 a ainsi permis de faire prendre conscience de l’importance de nos données personnelles. 2 ans après, le rôle de DPO est confronté à la complexité de sa mission sous-jacente officieuse : mettre en place ou développer une gouvernance de l’information au sein de son entreprise. Malheureusement sa fiche de poste reste cantonnée à un silo, celui de la réponse à une urgence, a posteriori : les données personnelles.

 

En 2012, la souveraineté numérique dont le concept est activement développé par Pierre Bellanger va servir pour créer le Conseil national du numérique. Fin 2019, le sénat rend son rapport sur cette souveraineté numérique qui évolue. Ce rapport appelle l’état à intervenir pour protéger nos valeurs démocratiques. « L’homme est moins un citoyen et un sujet de droit, mais de plus en plus une somme de données à exploiter » précise le rapport. Franck Montaugé, Président de la commission d’enquête, propose que le RGPD « soit ouvert à la question des données stratégiques des personnes morales, dont les entreprises. » . Encore la donnée.

 

Beaucoup de signaux faibles, et quelques signaux forts nous amènent à regarder les données très attentivement.

 

Depuis 2010, lors de la conception de cet observatoire et son premier lancement, le sujet de la gouvernance de l’information n’a pas pris une ride, il reste :

  • Une vue globale de l’ensemble des données de l’entreprise : structurées ou non,
  • Un liant entre la gouvernance des données, celle du SI et celle des documents,
  • Une prise en compte des informations personnelles, probantes, patrimoniales, sensibles, structurantes, et contributives,
  • Une même sensibilité sur la valorisation de l’information tout autant que sur sa protection,
  • Une centralisation sur l’humain, avec une volonté de le responsabiliser.

 

Avec une vue macro, le RGPD a accéléré cette vue globale. La montée en puissance, encore trop faible cependant, de la cybersécurité a aussi accéléré cette vue globale. Notre fonctionnement est véritablement en action/réaction, sur du court terme et face à un danger. Une fatalité ?

 

Que dire du risque combinatoire de l’explosion des volumes de données, l’explosion des objets connectés, l’explosion des technologies d’usage et de génération de données orientées biologie ou non, le tout saupoudré d’IA. Peut-être faudrait-il un Covid-20 numérique ?

 

Quelle est notre responsabilité en tant qu’humain, et quelle est celle de nos entreprises, en soit tout autant organiques que nous ?

Car cela peut avoir un vrai sens de nous donner une chance de regarder plus loin, de faciliter l’embrassement d’une vue globale des données en valorisant les rôles qui en ont la légitimité.

À moins que cela ne puisse être qu’une mission de l’état que de nous contraindre ?


Ce texte a ouvert le livre benchmark 18-20 de la gouvernance de l’information