Comme chaque année, voici, sous forme de prédictions, des éléments de vision pour les deux ans qui viennent. Sans prétention d’être dans l’art de la divination, je m’appuie sur les tendances du marché, et donne mon propre avis selon mes perceptions de ce qui peut ou devrait évoluer. Entre nous, c’est un exercice que j’aime bien car il permet de prendre du recul et de se donner une vue d’ensemble. Le niveau d’exactitude des prévisions, passe en second plan.

En trait de crayon la gouvernance de l’information suit son chemin lentement et sûrement. Elle reste sur une niche Océan bleu dans sa définition organisationnelle, et devrait progressivement se déployer en s’adaptant aux spécificités de l’organisation, et ce, en s’appuyant sur un pilote de l’information de l’organisation. Ce PIO porterait la transformation, subtile mais en effet de levier,  de l’organisation vers une meilleure maitrise de l’information, de son organisation, de ses usages et de la gestion de son cycle de vie.

Transformation de nos organisations

Nos organisations ont besoins de plus en plus de réactivité pour faire face aux mouvances mondiales. L’intelligence économique, avec sa veille, devienne un prérequis pour anticiper le marché et lisser des chocs qui pourraient être dramatiques. La généralisation des aspects durables (écologique, mais aussi et surtout au niveau des ressources humaines) apporte aussi des changements culturels qui demandent une vision sur le long terme. L’accélération d’initiatives permettant de s’adapter rapidement en interne devient aussi un enjeu majeur. Cela s’exprime par le déploiement de systèmes collaboratifs comme des réseaux sociaux, mais aussi par la mise en place d’initiatives de pilotage global de l’information de l’organisation.

De même les métiers traditionnels évoluent, de nouveaux rôles sont créés. Et une recherche active de méthodologies et d’outils se met en place pour mieux piloter l’information de l’organisation. Pour exemple :

  • Les métiers de la sécurité évoluent et se développent à travers des domaines d’expertise comme le Cloud. Certains RSSI sortent de la DSI pour embrasser l’ensemble de l’organisation et pas uniquement les aspects techniques de la sécurité.
  • La gouvernance de l’information voit apparaître une nouvelle fonction de gouverneur de l’information ou de pilote de l’information de l’organisation.
  • Les Directions Financières deviennent plus orientées projets, ne serait-ce que pour avoir et restituer financièrement une vue élargie aux nombreux business case qui lui sont présentés.
  • La DSI n’est pas en reste, elle continue sa transformation et tend soit vers une nouvelle direction des offres de services riches de gestion l’information, soit se concentre sur un positionnement d’offreur de services d’infrastructure. Ses politiques et organisation IT deviennent obsolètes, car trop contraignantes et trop lentes. Elle doit continuer de s’adapter et devenir proactive sur les besoins et les opportunités du marché. Elle devient un centre de gestion de la relation client, et peut s’équiper d’un CRM pour son usage propre. Elle se renforce en expertises et outils pour gérer la masse d’information Elle augmente son expression de besoin d’être appuyée par une instance de gouvernance de l’information.
  • La Direction Marketing devient bicéphale, elle gère ses métiers traditionnels orientés clients ou usagers, et elle se développe en interne pour définir les populations d’usages métier et proposer des pacquages de services adaptés (des offres de services riches).

Enfin, l’organisation recherche et profite des évolutions et du développement de méthodologies non propriétaires et ouvertes (au niveau WEB, et concernant la modélisation de l’information d’entreprise). Sensible à la gestion de sa relation client, et son e-réputation, elle sort de plus en plus de son périmètre historique (son organisation interne) pour se tourner vers l’extérieur : le web et ses extensions. Elle commence à réfléchir à de nouveaux moyens d’exister et de valoriser ses produits et services. L’Open Data devient un sujet différenciateur pour les organisations privées, et commence à s’étendre pour les organisations publiques.

Convergence des usages de l’information

Les terminaux de communication mobiles continus d’évoluer au niveau des fonctionnalités, des usages et aussi de leurs ouvertures dans les échanges de flux d’information. On parle de convergence fonctionnelle et informationnelle des terminaux (tablette, mobiles, consoles de jeux, …). La montée en puissance des terminaux mobiles passe donc par des développements d’applicatifs simples, modulables, presque jetables. Ceci diminue ainsi la présence et l’utilisation des postes informatiques de bureau. Cette montée en puissance du concept de simplification va amener de nouvelles fonctionnalités de gestion de priorités adaptatives (réponses fonctionnelles ou applicatives en fonction des comportements de l’utilisateur).

La VOIP se généralise facilitant ainsi les échanges vocaux et offrant de nouvelles possibilités de convergence (association d’informations contextuelles et textuelles sur de la voix). L’augmentation du déploiement des outils mobiles et de leurs richesses fonctionnelles, offrira aussi plus de facilité dans le développement de services autour des payements transactionnels sécurisés.

Le paysage du web va continuer sa transformation vers des outils plus adaptatifs, dynamiques et intégrés avec les réseaux sociaux. Les usages de la mobilité vont se retrouver sur le web : plus de simplicité, la présentation intuitive favorisant l’accès à l’information recherchée.

L’email meurt et renait de façon itérative pour se retrouver petit à petit associé aux outils de gestion d’information. La boite centrale devient multiple et adaptative au contexte de l’utilisateur. (Je reçois mes mails associés à mon processus métier X lorsque j’utilise les services associés à ce même processus, et non dans une boite fourre-tout).

L’évolution des fonctionnalités des terminaux mobiles, concernant la qualification de l’utilisateur comme potentiel consommateur, va amener des réflexes défensifs de comportement d’usage. Comme des réactions dues à l’intrusion des outils de contextualisation (géo localisation, RFID, …) et des réglementations tendant à contrôler les comportements d’usage (Hadopi), nous allons voir, pour exemple :

  • S’accentuer des développements de « contre mesure » (anonymisation des portables, des connexions, … ).
  • Pour la centralisation des volumes d’information sur le Cloud, le développement du cryptage, mais aussi de système de répartition de l’information stratégique par morcellement.

 

Nouveaux comportements d’usage de l’information, tendances.

Nos attentes et comportements évoluent, grâce notamment aux évolutions apportées par le WEB2.0, nous avons démystifié l’information. Et nous sommes tellement submergés par l’information que nous devenons encore plus exigeants. Dans les cycles sinusoïdaux des révolutions, nous sortons clairement de l’ère de la société de consommation. Cette ère a fait de nous des enfants capricieux qui exigent d’avoir immédiatement ce que nous voulons à l’instant où nous le voulons. Nos comportements d’usages évoluent face à l’absorption d’information, et nous voulons de la qualité (dans le sens de ce qui est adaptée à notre envie du moment).

Nos comportements d’usages sont à l’aise avec le « crownsourcing ». Nous aimons la transparence et exigeons aussi d’être considéré comme des adultes. Dehors ! Les modérateurs d’informations ou ceux et celles qui la contraignent. Nous réalisons notre propre modération, en incluant des évaluations permettant de qualifier la véracité et pertinence des informations. Pour exemple, concernant la presse, les médias s’adaptent pour faire du qualitative modulable afin de correspondre aux attentes du lecteur (des articles courts concentrés, dynamiques (dernières infos mais aussi dernières statistiques), sans pub, …).

Cette exigence et relation de confiance avec l’information va provoquer une généralisation de systèmes d’évaluation des informations (notation j’aime, je recommande, j’en parle, véracité, …). Ainsi que le développement actif d’outils de traitement et d’automatisation au niveau de l’information elle-même (Information autonome Intelligente).

Nos comportements vont aussi changer globalement face à l’information et son invasion. Nous parlerons de « régime d’information » : http://www.informationdiet.com/.

En fait nous deviendront à la fois plus mature face à l’information que nous comprenons de façon systémique. Mais nous assumerons encore plus notre position d’enfant face à notre environnement. Enfant comme étant un individu qui trouve son équilibre dans un environnement où il peut évoluer selon ses propres paliers (voir maria Montessori) et pas ceux qu’on lui impose. Ceci en accord avec le système organisationnel dans lequel il évolue. C’est peut-être (sûrement) une nouvelle révolution de société qui est en train de se mettre en place. Que pensez-vous de l’ère du Chaos informationnel ?