Un océan bleu est un environnement non-concurrentiel, à la différence d’un océan rouge qui regroupe une foultitude d’acteurs combattant pour ‘survivre’. Cette stratégie a été développé par W. Chan Kim et Renée Mauborgne, chercheurs à l’INSEAD afin d’expliquer comment créer de nouveaux espaces stratégiques.

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L’idée est de faire apparaitre une nouvelle manière de voir les choses en termes de développement, notamment en innovant dans la définition de services, ou de produits. Le rapport avec la gouvernance de l’information s’établit justement par le fait que la gouvernance de l’information est une niche qui appelle à innover à travers des offres de services que pourrait proposer l’organisation à l’ensemble de ses membres. La mise en place d’une gouvernance de l’information aide à sortir d’une considération en silo et accompagne une remise en question des modes de fonctionnement comportementaux assez systématiques. Bref, innover, changer, et adopter une stratégie dicté par l’innovation, pas par les couts.

Mais cette remise en cause est déstabilisante. Pour exemple, nous sommes dans une même réflexion que celle apportée par des choix d’investissement entre un projet de gestion de risque et un autre de développement du savoir. Pensez-vous qu’il soit plus judicieux d’investir 500 000 € dans un projet qui diminue subtilement vos risques informationnels et vous protège en cas de pépin, ou 500 000 € dans un projet qui vous permet de développer la capitalisation de votre savoir. Un premier réflexe serait « défensif », parce que certaines menaces peuvent être destructrices pour l’organisation. Mais en prenant du recul, la raison d’être de cette organisation, est-elle de se protéger, ou de se développer ?

Nous protéger nous empêche d’aller de l’avant. Dans le temps, nous ne nous protègerons plus rien. Si nous choisissons d’aller de l’avant, nous développons de la valeur, justement dans le temps. La seconde solution nous fait innover et développer savoir et savoir-faire, qui sont une alimentation d’un cercle vertueux pour l’individu et son organisation.

Être trop protectionniste, occulte beaucoup d’opportunités de nous développer, d’apprendre, de découvrir de nouvelles sources de satisfaction et de valeur.

Dans nos expertises, nous adoptons un même comportement, nous avons tendance à nous protéger. Néanmoins, ce réflexe peut nous empêcher de considérer de nouvelles opportunités qui nous permettraient d’innover dans notre domaine de compétence, tel qu’un océan bleu.

Exemple, demander à un expert en document de se rapprocher du domaine d’expertise des bases de données, paraitrait incongru (ou vice versa). Pourtant, il existe, entre autres, un petit point commun subtil entre ces deux mondes : les métadonnées et les référentiels associés qui servent à valoriser un système de gestion d’information documentaire. Le rapprochement de ces deux expertises permettrait de mieux comprendre et traiter certaines contraintes et feraient bénéficier à l’ensemble de l’organisation d’une augmentation qualitative des services proposés. Car cette organisation aurait, par exemple au niveau de son centre de gestion de la relation client, un système de suivi du dossier client qui serait enrichi avec les mêmes valeurs, que l’outil utilisé au niveau marketing pour segmenter les profils d’attentes des clients ou usagers, et que celui utilisé au support pour identifier les fiches associées à l’environnement du client, de l’extranet offrant au client la possibilité de gérer son compte, ses services, … .

Un monde parfait, qui semble tellement simple à lire, mais tellement difficile à mettre en place. Car si les experts n’ont pas l’occasion (ou ne sortent pas du réflexe de ‘protection’) d’échanger entre eux, nous resterons dans le domaine de la science-fiction.

Nous sommes sur un levier humain d’amélioration d’une organisation. Et cela prend du temps pour comprendre un nouvel environnement, une nouvelle problématique, une nouvelle expertise. Le temps de se voir, d’échanger, le temps de partager, le temps ensuite d’absorber puis d’être capable de trouver un même langage, une même compréhension, et pour commencer à apercevoir et développer de nouvelles opportunités. Nous parlons ici en mois, voire en années pour des domaines complexes.

Et oui, nos organisations sont construites en silos, et regroupent dans chaque silos des experts, c’est un fait souhaitable, mais qu’en est-il des liens qui deviennent nécessaires entre ces silos, celui de notre exemple du monde du document vers celui de la donnée. Pour certain le document est un ensemble de données et apporte ainsi la valeur à prendre en compte, pour d’autre les données constituent les documents et sont ainsi le fondement même de la valeur de l’information. Et si en fait l’assemblage des deux était la clef du développement de valeur (ou de sa protection) au sein d’une organisation ?

C’est un changement, un dépassement du réflexe de protection, et une ouverture vers une recherche d’innovation dans nos méthodes.

Créer des ponts entre ces domaines d’expertise est l’océan bleu qui permet de développer une stratégie innovante pour l’organisation. Aujourd’hui cet océan n’existe pas, même si des fois, rarement, il peut être rouge. Il y a donc une niche qui ne demande qu’à être occupé par les personnes qui souhaitent apporter une autre pertinence et favoriser la maitrise de l’information de façon globale. En êtes-vous ? – Oui ? Super, venez faire partie de la communauté de l’info, dont la démarche est justement de favoriser des échanges professionnels autour de ces ponts entre silos d’expertises.